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‘La réalité des crématoriums au Québec’.



S’il fallait toujours avoir la preuve scientifique de cause à effet avant d’agir, on ne ferait pas autant d’interventions en santé ou en sciences.

Certains invoquent le fait qu’il n’y a pas de preuves de cause à effet que les crématoriums sont dangereux pour la santé. Dans une étude et un dossier comme celui des crématoriums, ou dans tout autre aussi complexe, une preuve de cause à effet est scientifiquement difficile, voire souvent impossible à cause du nombre de variables incontrôlables. On parle alors de niveau d’association plutôt que de cause à effet. S’il fallait toujours avoir la preuve scientifique de cause à effet avant d’agir, on ne ferait pas autant d’interventions en santé ou en sciences. Un degré d’association important est souvent derrière la motivation d’agir lorsqu’il y a dangerosité suspectée.

La lenteur à prouver la cause à effet de l’amiante, qui pourtant est encore discutée, est un bon exemple pour ne pas attendre une preuve 100% béton avant d’agir. La cigarette est aussi un bon exemple. Un exemple plus actuel: aujourd’hui encore, le gouvernement canadien tarde à agir concernant les dangers du glyphosate (ex le Round-Up), qui continue d’être de plus en plus utilisé comme herbicide malgré qu’il soit jugé cancérigène ou provoquant la maladie de Parkinson, sans pourtant avoir d’étude qui prouve directement la cause à effet entre son utilisation dans les champs et les problèmes de santé des agriculteurs. Plus de 90% du maïs canadien est traité au glyphosate, car Monsanto a génétiquement modifié le maïs pour qu’il soit résistant au glyphosate. Malgré ce manque de preuve de cause à effet, des pays d’Europe comme l’Autriche ont complètement banni l’utilisation du glyphosate à cause du risque probable, alors que l’ARLA (une division de Santé Canada) a permis en 2019 sont utilisation jusqu’en 2032.

Dans le cas des émanations des crématoriums, les études scientifiques sont assez importantes pour affirmer qu’ils polluent et qu’il y a un risque pour la santé. Les rejets de dioxines, de mercure et de particules fines sont les plus préoccupants. Assez pour faire des recommandations comme celles qui sont proposées dans le rapport du Centre de Collaboration Nationale en Santé Environnementale (CCNSE, voir aussi version anglaise du NCCEH sur notre site web à COCARH.org) rédigé par Juliette O’Keeffe en mars 2020. Ces recommandations sont les mêmes que nous proposons, soit de spécifier une distance plus sécuritaire entre les zones sensibles et les crématoriums et d’utiliser les meilleures technologies disponibles pour diminuer les émanations. Ces deux points ne sont vraisemblablement pas mis en application au Québec, à cause des manquements dans la règlementation. C’est ce que notre regroupement de Citoyens Opposés aux Crématoriums Adjacents aux Résidences et Habitations, le COCARH, veut changer.

O’Keeffe (2020) rapporte des études qui démontrent une association entre les émissions des incinérateurs et crématoriums et l’augmentation de problèmes de santé des personnes qui demeurent près de ces installations (voir Dummer 2003 et BCCDC 2012). Bien que O’Keeffe mentionne que les incinérateurs polluent plus que les crématoriums, elle ne mentionne pas que les crématoriums sont situés beaucoup plus près de la population dans les quartiers résidentiels exposant ainsi les citoyens à des concentrations importantes de contaminants. Elle ne mentionne pas non plus que la règlementation des incinérateurs est beaucoup plus stricte que celle régissant les crématoriums au Québec.


40% des 85 crématoriums du Québec se situent à moins de 20 mètres des résidences et habitations et 87% à moins de 300 mètres

Une étude du COCARH en 2020 démontre que 40% des 85 crématoriums du Québec se situent à moins de 20 mètres des résidences et habitations et 87% à moins de 300 mètres. La fumée des crématoriums parcoure facilement cette dernière distance équivalente à celle parcourue par une balle lors d’un coup de départ au golf. Dans certains pays (ex. Australie) ou mêmes certaines villes en Ontario (ex. Mississauga) il est interdit de construire un crématorium à moins de 500 m ou 300 m des zones sensibles (i.e. résidences) à cause du danger des émanations toxiques. Ces statistiques démontrent clairement qu’il n’y pas de règlementation québécoise pour établir une zone tampon entre les crématoriums et les habitations. C’est ce que le COCARH dénonce et veut changer. La solution pour diminuer les risques inutiles pour la santé est simple : éloigner les crématoriums des maisons ou vivent les familles.

Les scientifiques s’entendent que les crématoriums polluent et que les dioxines, le mercure et les particules fines sont parmi les plus dangereux polluants qu’ils émettent. (Voir la section Faits et Références à notre site Web www.cocarh.org). Pourtant, la règlementation du Québec ne demande pas aux crématoriums de les monitoriser, et encore moins de les rapporter. Bien que les dioxines soient parmi les polluants les plus toxiques au monde et que les agences gouvernementales s’entendent que leurs taux d’exposition devraient être tout au plus de moins de 0,7 picogrammes par kilo par personne, voire même nuls, selon l’EPA des USA, les crématoriums continuent d’en émettre à un taux de dangerosité important. Il en est de même du mercure.


Au pire, les crématoriums du Québec savent qu’ils polluent mais ne l’admettent pas car ils ne sont pas obligés de déclarer, de par la loi, leurs émissions toxiques. Au mieux, ils ne savent pas qu’ils polluent car ils n’ont pas à échantillonner leurs émissions de produits toxiques, contrairement aux incinérateurs qui sont obligés de le faire annuellement

En fait, contrairement à d’autres crématoriums au Canada, les crématoriums au Québec affirment qu’ils ne polluent pas car ils se disent dans les normes de la règlementation québécoise spécifique aux crématoriums du ministère de l’environnement (MELCC) (i.e. Chapitre VIII du Règlement de l’assainissement de l’atmosphère, RAA). Cependant, ce règlement n’exige qu’une seule contrainte en ne demandant aux crématoriums que de monitorer aux 5 ans les émissions de particules totales, pas celles des toxines qu’ils émettent. Au pire, les crématoriums du Québec savent qu’ils polluent mais ne l’admettent pas car ils ne sont pas obligés de déclarer, de par la loi, leurs émissions toxiques. Au mieux, ils ne savent pas qu’ils polluent car ils n’ont pas à échantillonner leurs émissions de produits toxiques, contrairement aux incinérateurs qui sont obligés de le faire annuellement (voir Chapitre VII du RAA). Les crématoriums sont pourtant des incinérateurs et devraient être obligés de suivre la même règlementation que les incinérateurs, ce qui n’est pas le cas. C’est aussi ce que le COCRAH veut changer avec une meilleure règlementation québécoise.


Les salons funéraires peuvent être près de la population, mais pas les fours crématoires.

Des solutions existent pourtant, mais elles ne sont pas appliquées. Le MELCC devrait revoir la règlementation du RAA concernant les crématoriums pour les forcer à respecter les mêmes exigences que les incinérateurs, puisqu’ils en sont. De leur côté, les salons funéraires du Québec devraient faire face à la réalité mondiale en admettant que leurs crématoriums rejettent des polluants toxiques et en éloignant ceux-ci des quartiers résidentiels et des zones sensibles, ce qu’ils refusent d’admettre et de faire respectivement. Les salons funéraires se sont historiquement réclamés devoir être physiquement près de la population pour la soutenir dans ses deuils. Ils ont dangereusement étendu cette idée aux crématoriums, qu’ils ont implantés dans leurs sous-sols, leurs annexes ou leurs garages.



Les salons funéraires peuvent être près de la population, mais pas les fours crématoires. Les crématoriums devraient aussi améliorer leurs technologies d’opération, ce qu’ils ne semblent pas être prêts à faire, parce que l’utilisation d’épurateurs et de systèmes de filtration plus efficaces demandent un investissement important.

La conclusion de tous les scientifiques est la même : les crématoriums polluent et rejettent des contaminants parmi les plus toxiques au monde. De plus, donner libre cours à cette pollution dans nos maisons, cours et jardins est un risque que nous ne devons pas prendre.

Robert Forget PhD

Directeur recherche et communications

COCARH

N.B. Voir la section ‘Faits et Références’ du site Web du COCARH pour plus d’information et l’accès à des articles originaux et…. n’oubliez pas de signer et partager notre pétition.

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